-23%
Le deal à ne pas rater :
EVGA SuperNOVA 650 G6 – Alimentation PC 100% modulaire 650W, 80+ ...
77.91 € 100.91 €
Voir le deal

Partagez
 

 Where you been? ▽ Androu (terminé)

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage

Paradoxe
Lou J. Stanhope

Lou J. Stanhope


✽ date d'inscription : 10/02/2015
✽ parchemins : 603
✽ camp : Phénix
MessageSujet: Where you been? ▽ Androu (terminé)   Where you been? ▽ Androu (terminé) EmptySam 25 Juil - 10:34

Where you been?
Andréa & Lou
Where were you when everything was falling apart? All my days were spent by the telephone that never rang and all I needed was a call that never came.  ▬ THE FRAY

Les toits. Lou avait toujours aimé les toits. Un endroit calme où seul le vent osait dévoiler sa présence au travers d’un souffle continu. Elle y trouvait une sorte de réconfort que peu de personnes pouvaient se vanter de lui apporter. Elle aimait sentir l’alizé emmêler sa chevelure rousse, elle aimait sentir la caresse tendre du temps sur ses joues, ces bras invisibles qui l’étreignaient et lui prouvaient qu’elle existait encore. Elle aimait fermer les yeux et s’envoler, fermer les yeux et s’évader. Là-haut, elle se retrouvait seule, seule avec elle-même. Là-haut, elle bâtissait des empires dans lesquels la misère, la tristesse et la douleur étaient les esclaves d’un bonheur parfait. Elle s’imaginait grande, elle s’imaginait forte. Inaccessible. Indestructible. Les toits étaient vite devenus un repère pour la demoiselle : qui pouvait bien venir l’y déranger ici ? Qui pouvait bien venir s’y aventurer alors qu’en bas la vie battait son plein ? Son corps se perdait dans les dédales de l’université magique, virait tantôt à droite, tantôt à gauche. Elle semblait faire partie du décor qu’elle connaissait maintenant comme sa poche. Instinctivement, ses jambes la portaient vers la porte dérobée qui cachait l’escalier menant aux toits du bâtiment Grogan Stump. Elle marchait tête baissée comme si sa frange rousse pouvait la protéger des regards curieux de ceux qu’elle croisait. Les bras serrés contre sa poitrine, elle se hâtait de s’engouffrer dans la concavité méconnue du bâtiment. Lou n’aimait jamais rester au même endroit très longtemps, du moins pas dans les endroits passants. Aujourd’hui, elle avait du temps, beaucoup trop de temps. Peut-être aurait-elle dû travailler ses cours, peut-être aurait-elle pu sortir un peu, faire de nouvelles rencontres. Peut-être. À d’autres.

Enfin elle appuyait son dos contre la large cheminée reculée du toit. Lentement, elle se laissa glisser contre le plan dur jusqu’à toucher terre. Elle avait besoin de temps pour elle, pour réfléchir sur ce qu’il s’était passé voilà déjà trois ans. A dire vrai, elle avait certainement fait le tour de la question au moins des centaines de fois depuis ce temps mais elle ressentait ce besoin maladif de se rappeler…. Se rappeler son visage, son sourire, ses yeux, son odeur. Déjà les intonations de sa voix s’étaient évadées et maintenant son visage menaçait de s’effacer. Ses prunelles zébrèrent les horizons semi-sauvages qui entouraient l’université. Devant elle, l’immense réserve d’animaux magiques courrait sur des centaines de kilomètres à l’horizon. Un espace certainement aussi immense que le vide qui l’habitait en ce moment même. Elle avait beau s’être prise par la main, s’occuper l’esprit… elle ne pouvait oublier. Elle ne pouvait oublier à quel point il lui manquait. On dit souvent que c’est lorsque l’on perd un être cher que l’on se rend compte à quel point on tenait à lui. Maladroitement, elle lissa son jeans élimé par le temps et le mésusage. Il lui manquait horriblement. Il lui manquait terriblement et la peur de ne jamais le revoir la rendait malade au fil des jours. La demoiselle fit courir ses doigts sur les aspérités du revêtement sur lequel elle se trouvait présentement. Elle sentait sa peau suivre les courbes parfois agressives des petits cailloux égarés, celles du surplus de matière, celles du manque de matière.

L’attention de l’Anglaise fut attirée par des bruits de pas, une conversation furtive, des rires puis un claquement de porte. Pendant tout ce temps, elle avait retenu sa respiration et s’était faite discrète, cachée derrière cette cheminée isolée. Il semblerait qu’elle ne soit pas la seule à connaitre cet endroit quelque peu reculé. Après tout, la piscine située à l’opposé devait en attirer quelques-uns. Lorsque les perturbateurs s’en allèrent, Lou reprit ses occupations et se remit à observer le paysage en laissant ses doigts vagabonder sur le sol. Cet instant ne dura que peu de temps, elle avait cette désagréable impression de ne pas être seule. Prudemment, elle se tourna et se pencha en s’appuyant sur ses mains pour jeter un coup d’œil sur l’espace plus grand et plus fréquenté du toit, non loin d’elle. Qu’elle ne fut pas sa réaction lorsqu’elle remarqua qu’elle n’était effectivement pas seule. Son dos se colla contre le mur de la cheminée et elle ramena ses bras vers son corps pour ne pas se faire remarquer. Lou colla sa joue contre les briques froides de la structure qui la soutenait. Ainsi positionnée, elle n’arrivait pas à distinguer la personne qui se trouvait là. Elle se trouvait hors de son champ de vision, même périphérique. Une personne ? Deux ? Un groupe ? Lou n’aurait su dire, elle n’avait pas eu le temps d’y faire attention. Lentement, la jeune femme ferma les yeux pour se concentrer plus facilement sur les bruits alentours. Leur tournant le dos, protégée par cette imposante cheminée, elle n’avait plus que ce sens pour analyser la situation. Au fond d’elle-même, elle espérait que les visiteurs n’allaient pas rester longtemps. Elle avait besoin d’être seule, besoin de passer inaperçue. Si seulement ses mèches rousses ne trahissaient pas sa présence…



© Gasmask


Dernière édition par Lou J. Stanhope le Ven 11 Aoû - 19:26, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas

Andréa A. Aschton

Andréa A. Aschton


✽ date d'inscription : 05/02/2015
✽ parchemins : 358
✽ camp : phénix
MessageSujet: Re: Where you been? ▽ Androu (terminé)   Where you been? ▽ Androu (terminé) EmptyLun 3 Aoû - 16:59

Where you been?
Andréa & Lou
Where were you when everything was falling apart? All my days were spent by the telephone that never rang and all I needed was a call that never came.  ▬ THE FRAY

Arthur était assis sur les marches d’escaliers et se prit la  tête dans les mains. Il repensait à tous les efforts qu’il avait dû faire pour s’intégrer et tout ce qui lui venait naturellement. Être amnésique c’était très étrange, on est constamment à la recherche de l’ancien soi, on veut essayer de découvrir qui et comment on pouvait être, mais seuls les tests peuvent nous le permettre. Enfin, dans le cas d’Arthur, puisqu’il ne savait strictement pas à qui se confier pour croire en son ancienne vie. Aucune mère ne s’était présentée, jamais on ne lui avait écrit, pourtant les hiboux retrouvent toujours leurs destinataires… Ses parents étaient-ils morts ? Qui étaient-ils d’ailleurs ? Des partisans au Lord ou au contraire, des rebelles ? Il haussa les épaules. C’était trop tard, il valait mieux éviter de se faire encore plus de mal en se posant ce genre de questions. Il préféra se remémorer ce qu’il avait appris : il ne savait pas jongler ou faire rire les gens, mais il était très doué pour créer des choses à partir de rien, surtout des choses moldues. Sans magie. Comme si la magie n’était que secondaire chez lui, tant mieux, avec cette période de crise c’était peut être bénéfique. Il savait aussi que tout n’était pas perdu puisqu’il savait lire, écrire et que, mine de rien, il était plutôt doué en math. Il avait découvert ça par hasard, en faisant un calcul. Or les mathématiques n’étaient pas des matières enseignées à Poudlard. Il s’était donc imaginé qu’il était plutôt dans la catégorie des rebelles et des moldus. C’est pour ça qu’il avait choisi d’être pro-gouvernement, qu’il s’était allié à Indali, parce qu’avant il devait déjà être de son côté. Cela lui avait semblé logique comme choix, mais c’est si dur de prendre une décision alors que les événements du passé sont si flous. Le jeune homme soupira, il fallait qu’il arrête d’être pessimiste comme ça, il fallait qu’il se remette debout, qu’il soit heureux. Oui, tout le monde cherche à oublier ses erreurs de jeunesse, beaucoup de monde paierait cher pour oublier son passé alors que lui tente par tous les moyens de se le remémorer.

« Bah alors Arthur, ça ne va pas ? » Le jeune homme releva la tête pour se trouver face à une jeune fille de sa classe. Ruth ou Raven, ou un truc du genre. Le jeune homme oubliait tout le temps les noms des gens, s’en était désespérant. Il tenta un sourire, mais elle vit bien combien il était faux. Peu de personnes étaient au courant de son état et dans sa classe, il avait tenté de ne rien montrer. La rentrée ne datait que de quelques jours de toute manière, les gens n’avaient pas encore vraiment pu s’apprivoiser et se reconnaître, mais cette jolie blonde tout sourire lui faisait du bien. Elle lui tendait la main et voulait l’emmener vers le présent. Le faire oublier son passé. Mais, malgré tout ce qu’il disait, malgré tous ses efforts pour tenter de s’intégrer, Arthur restait bloqué sur le passé, il voulait un coup de pouce, une main tendue qui lui rappelle qui il était. Et cette main n’était pas arrivée. Oh, il y avait bien une fille qui pouvait l’aider. C’était une rousse, tous les soirs depuis qu’il était amnésique, il la voyait dans ses rêves. Mais il n’avait aucune idée de qui elle était. Chaque fois qu’il la voyait c’était de dos et elle s’enfuyait. Et il avait beau essayer de la rattraper, elle allait toujours trop vite. Alors il s’intéressait aux rousses et seulement à elle. Il était sûr qu’elle serait un indice du passé. « J’ai un remède contre les coups de blues, viens ! » Sans qu’il ne lui ait rien demandé, Mademoiselle R. se leva et lui tendit la main. Elle était douce, joviale, sympathique, drôle et pourtant elle n’était rien de ce qu’il attendait. Il la suivit tout de même, si ça pouvait lui changer les idées. Elle courait presque dans les couloirs de l’université, Arthur était perdu et il avait presque l’impression qu’elle allait au hasard. Elle montait certains escaliers, elle prenait certains passages qui avaient l’air caché aux yeux de tous, elle choisissait certaines portes… Et soudain, ils ouvrirent une grosse fenêtre qui les amena à l’air libre. Pendant tout le temps qu’ils couraient, elle parlait. Elle racontait des histoires, des bêtises, des anecdotes. Elle sentait qu’elle ne pouvait le forcer à se confier, alors elle tenter de lui faire oublier ce qui n’allait pas. « Et alors là, le mec me dit. Tu sais ce qu’il me dit ? Ah ah. Attends, sérieux, le mec il avait la quarantaine, on était dans un bar sorcier et il a cru… ah ah. » Ils riaient tous les deux quand ils arrivèrent sur les toits. Les histoires de la demoiselle ne demandaient pas beaucoup de réflexions mais elles étaient généralement très cocasses. Arthur riait de bon cœur, il ne se forçait pas. Il s’arrêta pour admirer la vue. « Waouh, c’est vraiment beau ici. » De là, ils dominaient tout le parc, tout le campus. Au loin, on devinait les maisons des confréries, sur le devant on voyait les autres tours, les étages avec de grandes fenêtres permettaient de voir à travers les pièces. Et les petits points dans l’herbe c’étaient les étudiants. Oui, c’était vraiment splendide cette vue. Il se pencha un petit peu, pour regarder la descente vertigineuse qu’offrait le sol et se recula bien vite. « Tu as trouvé le lieu comment ? » Mademoiselle R. lui lança un clin d’œil discret, comme pour dire c’est mon secret et elle s’approcha de lui. Arthur ne savait pas vraiment comment se comporter, est-ce qu’elle le draguait ? Est-ce qu’elle cherchait juste une amitié ? Il tourna la tête dans l’autre sens, pour voir ailleurs et là, il remarqua qu’ils n’étaient pas seuls. C’était son ange gardien qui envoyait cette autre compagnie. Un large sourire s’étala sur ses lèvres et il devient encore plus franc quand il remarqua ce qui lui avait attiré le regard : elle était rousse. « Ohé, mademoiselle ! » lança-t-il dans sa direction. Il lâcha la rembarde, s’éloigna de mademoiselle R. et à grande enjambée s’approcha de l’inconnue. « J’espère qu’on ne vous a pas dérangée ? Vous venez souvent ici aussi ? » Pourquoi engageait-il la conversation ? Sûrement pour montrer à la blonde qu’il ne cherchait qu’une amitié, rien de plus.



© Gasmask
Revenir en haut Aller en bas

Paradoxe
Lou J. Stanhope

Lou J. Stanhope


✽ date d'inscription : 10/02/2015
✽ parchemins : 603
✽ camp : Phénix
MessageSujet: Re: Where you been? ▽ Androu (terminé)   Where you been? ▽ Androu (terminé) EmptyMer 9 Sep - 16:07

Where you been?
Andréa & Lou
Where were you when everything was falling apart? All my days were spent by the telephone that never rang and all I needed was a call that never came.  ▬ THE FRAY

Il faudrait que des chercheurs se penchent sur ce fichu phénomène dont la plupart – si ce n’est la totalité – de la population est victime. Ce fichu phénomène qui consiste à être à coup sûr reconnu dans un endroit et à un moment où on souhaiterait plus que tout au monde passer inaperçu. Ce moment où le plus athée des individus deviendrait presque croyant pour éviter une quelconque rencontre. Des stratégies ont beau avoir été élaborées pour tenter d’y échapper, un « Si je passe à 7h10 par le couleur B en regardant à droite sur trois pas puis à gauche sur quatre pas. Si je ne m’habille qu’en noir et que j’empreinte que les zones d’ombres… peut être que… » : rien à faire, la situation tourne inéluctablement au désavantage du fuyard. Et Lou n’échapperait pas à la règle. Elle entendait la voix d’une femme s’élever dans les airs, débiter des absurdités dignes des plus grandes télé-réalités et surtout… Surtout leurs rires. Rire. Depuis quand n’avait-elle pas rit de bon cœur ? Depuis quand n’avait-elle pas ressenti cette joie en elle ? Cette joie qui courrait auparavant naturellement dans ses veines, celle qui la nourrissait et maintenait sa tête hors de l’eau. Depuis combien de fichues années se forçait-elle à sourire ? Depuis combien de temps se forçait-elle à continuer d’avancer ? Depuis combien de temps ? Combien de temps encore à attendre ? Combien de temps encore avant de sombrer ? C’était reculer le couperet, reculer la sentence, repousser du bout des doigts un futur qui l’effrayait. Un futur où elle, Lou Juliet Stanhope, finissait par errer. Seule.

« Ohé, mademoiselle ! » Aucune réaction. Ohé la Terre, ici la Lune. Un mouvement, des bruits. Ni une ni deux, elle fit corps avec le mur de pierres qui la cachait, encerclant ses genoux de ses bras. Il se rapprochait. « J’espère qu’on ne vous a pas dérangée ? Vous venez souvent ici aussi ? » La tête baissée, les yeux fixés sur le sol, Lou apercevait seulement les chaussures de son interlocuteur. Elle se trouvait bête ainsi prostrée en position fœtale contre cette cheminée, elle se sentait bête de laisser une nouvelle fois sa timidité prendre le dessus. « Je… Désolée. Je ne comptais pas rester longtemps. » Mensonges. Prudemment, elle prit appui sur la cheminée et se releva. Elle épousseta son jeans poussiéreux d’un geste maladroit s’obligeant à jouer les femmes fortes et relever les yeux vers lui.

Lui.

Son cœur loupa un battement et se mit à accélérer férocement la contraignant à porter sa main à sa poitrine. Dans la foulée, sa respiration devint saccadée et ses jambes, suivies de tout son corps, se mirent à trembler de manière incontrôlée. Il était là, devant elle. Il était vivant. Une larme salée dégringola le long de sa joue arrachant des spasmes que sa cage thoracique peinait à contenir. Une illusion, tout ça ne pouvait être qu’une illusion. Lou se mordit l’intérieur de la joue pour vérifier qu’elle ne rêvait pas. Il était toujours là. Elle ferma les yeux, sera fort les paupières, papillonna des yeux. Il était encore et toujours là. Etait-ce réel ? Etait-il réel ? Elle avança une main maladroite dans la direction du jeune homme mais son geste fut interrompu par la venue de la blonde. Certainement la voix féminine qu’elle avait entendue quelques minutes auparavant. « Qu’est-ce que tu fais ? C’est qui ? Tu la connais ? Ohé, Arthur tu m’entends ? » Le regard de la rousse était verrouillé sur Andréa. Elle tentait de photographier et mémoriser chaque trait de son visage pour ne plus jamais les oublier. Pour la première fois, elle entrevoyait un rayon lumineux dans son présent devenu brumeux et sombre depuis trop longtemps. Pourtant quelque chose clochait. Tout ça ne tournait pas rond. Arthur ? Depuis quand Andréa s’appelait-il Arthur ? Il n’y avait pas de doute, cet homme en face d’elle était bien Andréa. Elle l’aurait reconnu parmi une foule en délire, elle l’aurait senti même au fond du gouffre, même à l’agonie. Elle le connaissait, elle l’avait dans la chair. Son cœur le reconnaissait. Elle l’aimait. Simplement. Seulement lui ne semblait pas la reconnaitre. Que s’était-il passé pendant cette guerre ? Que lui était-il arrivé ? Ne l’aimait-il plus ? Etant donné le nom auquel il semblait répondre, un sort d’amnésie était plus probable. Au final, le résultat était le même : il ne la reconnaissait plus.

Blessée au plus profond d’elle-même, Lou tenta de faire bonne figure. « Je viens ici de temps en temps. C’est calme en général. Et puis on a une belle vue. » Sa voix fragile menaçait de trahir ses sentiments. Il semblait que ses épaules n’étaient plus aussi solides qu’elles avaient l’habitude de l’être. Un sourire provoquant se dessina sur les lèvres de la blonde et, rapidement, elle attrapa la main du jeune homme. Leurs deux corps se collèrent devant les yeux fatigués de l’Anglaise qui en eut un haut-le-cœur. « Je… Je vais devoir y aller. » dit-elle en regardant son poignet… dénué de montre. De nouveau sujette à des spasmes, elle fit volte-face pour se cacher et se mit à courir vers la sortie. Tout était confus dans sa tête, ses pensées engourdies se mettaient à tourner à vive allure. Tous ses sens étaient en alerte, elle devait lutter pour continuer de courir, ses membres refusant de s’éloigner plus longtemps de cet être qu’elle aimait éperdument. Le voir là avec elle était trop dur. C’était insupportable. Alors, elle fuyait. Elle fuyait parce que le revoir menaçait d’ébranler les fondations de ses murailles fissurées. Elle fuyait parce que le revoir avec elle revenait à se prendre des centaines de poignards dans le cœur. Elle fuyait parce qu’elle était humaine et que, pour une fois, elle n’avait pas la force de faire face à cette douleur. Elle fuyait parce que la fuite était plus simple que l’affrontement. Trois ans qu’elle le cherchait, trois ans qu’elle s’écorchait corps et âme à le retrouver, trois ans qu’elle s’éteignait à petit feu sous ses pleurs et ce vide qui la dévorait. Trois ans. Trois ans que son cœur appelait le sien, trois ans que ses mains le cherchaient la nuit, seule dans son lit. Trois ans que Morphée distillait des cauchemars dans ses tentatives de sommeil, trois ans qu’il la torturait, la maintenait éveillée coute que coute. Trois ans que sa peine semblait infinie.

Le métal froid de l’ouverture donnant sur le toit la fit revenir à la réalité et la stoppa dans son élan. Devait-elle vraiment fuir ? Valait-il vraiment le coup de prendre la fuite au risque de ne jamais le revoir à cause d’une tierce personne ? Après tout ce qu’elle avait fait ? Après tout ce qu’ils avaient vécu ? Ses fins doigts se refermèrent sur l’encadrement. Oui. Il n’avait que ce qu’il méritait. Elle était remplacée. Il semblait heureux avec elle alors pourquoi venir tout chambouler. Son pied droit se décolla du sol et s’apprêta à se poser devant elle quand une question résonna une nouvelle fois dans son crâne. Pourquoi ? Parce qu’elle l’aimait à en mourir. Sans réfléchir, elle se retourna et son corps s’élança  à vive allure vers l’endroit qu’elle venait de quitter. Son cœur battait à tout rompre dans cette cage thoracique si étroite. Inconsciemment, elle écarta la blonde d’Andréa et se planta devant lui. A bout de souffle, tremblante, perdue, elle se hissa sur la pointe des pieds, attrapa amoureusement son visage entre ses mains et scella leurs lèvres d’un baiser passionné. Le temps s’arrêta. Plus rien n’avait d’importance.

« Hey ! » cria la blonde.



Spoiler:



©️ Gasmask
Revenir en haut Aller en bas

Andréa A. Aschton

Andréa A. Aschton


✽ date d'inscription : 05/02/2015
✽ parchemins : 358
✽ camp : phénix
MessageSujet: Re: Where you been? ▽ Androu (terminé)   Where you been? ▽ Androu (terminé) EmptyMer 7 Oct - 14:34

Where you been?
Andréa & Lou
Where were you when everything was falling apart? All my days were spent by the telephone that never rang and all I needed was a call that never came.  ▬ THE FRAY


« Je… Désolée. » C’étaient les premiers mots que la demoiselle prononçaient. Elle semblait ailleurs, elle voulait s’enfuir. Le jeune homme ne comprenait pas, enfin si, il voyait bien qu’elle était en train de broyer du noir et qu’il l’avait dérangée. Elle voulait sûrement être seule, c’est pour cela qu’elle s’enfuyait. Arthur, lui, cherchait de la compagnie. Il voulait des indices du passé, il voulait se souvenir, mais rien ne semblait l’y aider. Et voilà qu’en plus de ne rien trouver, il gênait les pauvres gens qui, eux, souhaitaient sûrement l’oublier. Il se sentait de trop. Pourtant, un instinct le laissait là. Il voulait savoir. Quoi ? La vérité. Mais c’était sûrement un rêve inutile, ce n’était pas possible de cette fille-là lui donne les réponses, alors pourquoi s’y accrochait-il ? Sûrement parce que des filles rousses à l’Univerité ça ne courrait pas les rues. Il lui tendit la main pour l’aider à se relever, mais elle la dédaigna. Il s’apprêtait à faire demi-tour, mais elle plongea son regard dans le sien et ce qu’il y vit l’aider à reprendre conscience : il y lit de l’espoir. Oh, en réalité les yeux de l’ange rousse qu’il avait devant lui ne reflétaient que son propre espoir, elle, elle était bouleversée. Il la regarda avec curiosité, elle était en train de paniquer. Est-ce que dans son ancienne vie il la connaissait ? Et pire, avait-il était une sorte de cruel homme pour lui laisser ces traces-là ? Il se mordit la lèvre et pencha la tête, comme pour la questionner. Mais elle restait silencieuse. Par contre, cet instant de doute ne sembla pas plaire à la blonde. Arthur avait complètement oublié son nom maintenant et il eut un rapide éclair de honte. « Je suis désolée Rose, Ruth… euh Rebeka ? »  Il ne savait pas comment se rattraper, la jeune fille allait sûrement lui en vouloir. Il se retourna pour regarder la blonde et lui adressa un sourire d’excuse. « Je ne la connais pas du tout non. » précisa-t-il avec un accent morose. Il aurait aimé qu’elle soit un vestige de son passé qui ressurgisse de cette manière-là. Il aurait aimé que la rousse soit quelqu’un qu’il connaissait et que la vue de son visage l’aide à se remémorer, mais rien n’y fit. Le flou restait total et personne n’y pouvait rien. L’ange roux lui adressa la parole, elle parlait du toit, de la beauté de la vue, elle blablatait en somme. Elle répondait à sa conversation anodine. Vraiment, elle était bien élevée, mais elle n’avait pas l’air d’avoir envie de faire plus. Andréa jeta un coup d’œil vers son ‘amie’ comme pour lui prouver par la banalité de leur conversation qu’ils ne se connaissait pas, mais quand il voulut se retourner de nouveau, il vit la demoiselle s’en aller. Elle fuyait le lieu pour de bon cette fois-ci. Elle n’avait plus rien à ajouter. Arthur, malgré lui, se mordit la lèvre pour reprendre une discussion banal avec la demoiselle blonde. Après tout, elle venait de lui offrir une distraction rêvée, c’était lui qui avait faillit tout faire foirer. Il se retourna vers le paysage et…

Sans comprendre ce qui lui arrivait, il sentit des lèvres chaudes sur les siennes, une main qui s’accrochait à son cou, un cœur qui battait contre le sien. L’ange roux était revenu. Elle lui donnait un baiser où se mêlaient passion et colère. Il sentait que quelque chose n’allait pas, mais il était trop étrange pour qu’il puisse réfléchir. Il fit donc la seule chose qu’il était capable de faire : il rendit le baiser. Mais il avait une arrière goût dans un bouche. Certainement il devait connaître cette fille d’avant : soit elle se vengeait de lui, soit elle l’avait aimé éperdument et profitait de son amnésie pour l’avoir pour elle seule, soit ils avaient réellement été un couple. Tout cela était bien trop dur à encaisser. Avec toute la force qu’il avait en lui, il se dégagea d’elle. Il voulait des explications, embrasser des gens comme ça, c’était bien trop étrange. Il n’était pas un profiteur. « C’est ce que tu appelles ‘ne pas connaître une personne’ ? Merci Arthur. Enfin plutôt … DE RIEN de t’avoir amené ici. Si j’avais su. Tu sais bien mentir en disant que tu ne connaissais pas. Je t’avais pris pour quelqu’un de gentil et doux, mais je me suis trompée. »  La voix de la blonde le tira de ses pensées. Il avait oublié la présence de la demoiselle. Et cette dernière sut rappeler sa place, elle le gifla et s’en alla. Ainsi, elle avait vraiment eu pour but de le draguer et, blessée dans son amour propre, avait préféré fuir. Arthur, lui, était perdu. « Euh, je… on se connaît ? » Idiot. Evidemment qu’elle le connaissait. Parfois il ne faisait aucun effort. Il fallait lui foutre des baffes, cela l’aiderait sûrement à retrouver la mémoire.

Il soupira et regarda l’ange roux dans les yeux. Il voulut y lire des réponses, mais il n’arrivait à rien. Tout était trop confus pour elle aussi. Il se racla la gorge. « Oui, donc, hum. Mademoiselle, je dois vous dire que normalement on ne fait pas ça aux gens qu’on croise dans la rue. » S’il voulait la faire fuir, il n’aurait pas pu faire grand chose de mieux. Il n’osa ouvrir la bouche pour s’enfoncer d’avantage, préférant attendre une réaction de la demoiselle, c’était sûrement plus sûr.




© Gasmask
Revenir en haut Aller en bas

Paradoxe
Lou J. Stanhope

Lou J. Stanhope


✽ date d'inscription : 10/02/2015
✽ parchemins : 603
✽ camp : Phénix
MessageSujet: Re: Where you been? ▽ Androu (terminé)   Where you been? ▽ Androu (terminé) EmptyMar 16 Fév - 14:57

Where you been?
Andréa & Lou
Where were you when everything was falling apart? All my days were spent by the telephone that never rang and all I needed was a call that never came.  ▬ THE FRAY


Qu’avait-elle fait ? Tout c’était passé si vite, beaucoup trop vite. Elle n’avait été que la spectatrice de sa propre vie, griffant les lignes tempo-spatiales dans l’espoir d’en reprendre un quelconque contrôle. Elle avait senti son corps s’élancer, guidé par l’attraction magnétique qu’exerçait Andréa. Elle avait senti ses muscles se bander, s’allonger et se raccourcir à chacun de ses mouvements. Elle n’était qu’un, qu’une moitié qui recherchait son tout. Elle avait senti l’adrénaline se déverser dans ses veines, bouillonner comme la lave d’un volcan en fusion. Elle glissait, ardente, dans le moindre vaisseau qui composait son squelette sanguin. Plus rien n’avait d’importance, elle venait de perdre la tête, noyée dans l’amour qu’elle portait à cet homme. Elle l’avait cherché trop longtemps pour s’échapper comme ça. Elle l’avait appelé trop de fois la nuit, l’avait halluciné trop de fois au détour d’une ruelle. Peu importait qu’il ne se souvienne pas qu’elle, peu importait qu’il la prenne pour une folle. Elle l’était. Ses neurones grésillaient, se consumaient au fil des jours. Son corps criait au manque. La moindre parcelle de sa peau l’avait réclamé, si longtemps que le contact qu’elle trouva lui arracha un frisson l’électrisant jusqu’aux entrailles. Sa place était auprès de lui, nulle part ailleurs. Elle avait besoin de lui et il avait besoin d’elle. Elle lui avait fait la promesse d’être là. Alors, lorsqu’elle scella leurs lèvres, une vague d’émotion la submergea et termina de l’achever. Elle était tiraillée entre le soulagement, la tristesse, la colère et cette envie irrésistible de tarir la source d’eau qu’elle contenait en elle. Pourtant, elle ne fit rien de tout ça. Sa gorge avait beau être nouée, elle n’arrivait pas à laisser ses émotions sortir. On lui avait appris, on lui avait appris à ne pas faire tomber son masque. Sois forte, sois plus forte qu’eux. Elle se l’était jurée. Et si Andréa lui brisait actuellement le cœur, elle en était sure, ce n’était pas son intention. Il y avait une raison qu’elle ignorait et qu’elle finirait par découvrir.

Comme elle s’y attendait, Lou sentit les mains d’Andréa se poser sur ses frêles épaules et la repousser. Son cœur termina de se déchirer, tomba en morceaux dans l’attente d’être piétiné. Difficilement, elle reprit son souffle, gardant les yeux rivés sur le sol. Qu’allait-elle lui dire ? Qu’allait-elle faire ? Il n’était pas prêt… Il n’était certainement pas prêt à savoir. Le serait-il un jour ? Que s’était-il passé ? Où était-il passé ? Le claquement sec de la main de blonde contre la joue d’Andréa la tira de ses pensées. Honteuse, elle hasarda un regard vers l’homme qu’elle venait de bousculer. S’il savait… S’il savait à quel point elle ne regrettait pas ce qu’elle venait de faire. Après tant d’années, elle l’avait enfin retrouvé et elle ne comptait pas le lâcher. Elle le suivrait, qu’il le veuille ou non. Elle le suivrait, dans l’ombre ou la lumière, elle serait derrière lui.

« Euh, je… on se connaît ? » Un fin sourire étira un coin des lèvres de la jeune rousse. Bien sûr qu’ils se connaissaient. Elle voulut rétorquer mais elle fut paralysée par son regard. Elle y lut tant d’incompréhension, d’incertitude, de doutes qu’elle en eut le vertige. Elle aussi était perdue, elle aussi ne comprenait pas tout, cependant Andréa semblait bien plus épris de cette incompréhension. Il se cherchait lui-même. Qui était-elle pour l’embrouiller ainsi ? « Oui, donc, hum. Mademoiselle, je dois vous dire que normalement on ne fait pas ça aux gens qu’on croise dans la rue. » Il avait totalement raison : jamais elle n’aurait embrassé un parfait inconnu. Jamais. Se sentant intruse dans son espace vital, elle recula doucement d’un pas en souriant, jouant nerveusement avec ses propres mains. « Je… Pardon. » Lou leva la main, maladroitement, en signe d’excuse avant de la laisser lourdement retomber le long de son corps. « Je t’ai-.. » Elle manqua de s’étouffer, se reprit rapidement. « Je vous ai pris pour quelqu’un d’autre, je crois bien. » C’est ça, enfonce-toi. Ce n’était pas le moment de l’embrouiller encore plus. Elle-même ne savait pas comment s’y prendre ni quoi dire. Devait-elle lui avouer la vérité ? Devait-elle se taire ? « Je euh… enfin… » Ses doigts s’égarèrent dans sa chevelure orangée. Comment pouvait-il réagir ? Etait-il heureux de sa vie actuelle ? Qui était-elle pour tout chambouler d’un simple baiser ? Il fallait qu’elle se résigne, peut être que cette vie était mieux pour lui. « Excusez-moi. Je suis vraiment confuse. » Débrouille-toi pour te sortir de ce merdier. Déchirée entre sa propre peine et l’incompréhension d’Andréa, la rousse ne sachant pas sur quel pied danser, opta pour la facilité. « Je ne sais pas ce qui m’a pris. Vous ressemblez comme deux gouttes d’eau à une personne qui m’était chère. Je ne voulais pas vous offenser. » Lou fit une moue en s’entendant parler. Elle n’était pas crédible, tellement pas crédible qu’elle avait envie de se mettre une gifle. Manquait plus qu’elle lui lâche son vrai prénom et la troisième guerre mondiale menaçait de pointer le bout de son nez. Au pire, s’il ne la croyait pas, elle pourrait toujours jouer la carte de la schizophrénie, du comportement qu’elle ne contrôlait pas ou tout autre mensonge qui la ferait passer pour une femme complétement folle qu’il s’empresserait d’éviter. Elle mourait d’envie qu’il la prenne dans ses bras, elle mourait d’envie de ressentir sa peau, ses lèvres. Cependant, elle savait que ça ne se terminerait pas comme ça.

Prudemment, elle posa ses yeux verts dans ceux d’Andréa. Elle était désolée, tellement désolée pour ce qu’il lui était arrivé. A contrecœur, elle recula une nouvelle fois en direction du rebord du toit, lui laissant le loisir de s’en aller s’il le souhaitait. « Je suis vraiment désolée pour votre amie… » Bon… Elle ne l’était pas du tout. Mais elle devait paraître polie après tout. « Si je peux faire quelque chose pour me racheter… » Tu parles. Après ces paroles, elle se retourna et alla s’asseoir sur le bord du toit en laissant ses jambes pendre dans le vide. Elle appuya ses bras contre le garde-corps qui la retenait et observa l’horizon, le cœur lourd. Rester auprès de lui comme une parfaite inconnue puisait toutes ses forces. Est-ce que leur histoire se terminerait ainsi ? Il devait retrouver la mémoire, mais comment ? Y arriverait-elle à elle seule ? Elle avait entendu parler de son meilleur ami, un certain Icare, mais elle n’avait pas la moindre idée de la tête qu’il pouvait avoir. Tout ça remontait à tellement longtemps que les visages s’étaient effacés de sa mémoire. Lou n’entendait que le vent qui s’engouffrait dans sa chevelure, perdue dans ses pensées. Etait-il perdu dans ses pensées ? Etait-il en train de préparer une vengeance ? Allait-il la défier dans un combat de baguettes ? A mains nues ? Tu dérailles. Elle déraillait complètement. Peut-être était-il parti, tout simplement. C’est certainement ce qu’elle aurait fait à sa place. Que pouvait-on bien faire avec une inconnue sur un toit ? Que pouvait-on bien faire avec une fille qui venait de briser les espoirs d’une de ses amies ? Elle ne récoltait que ce qu’elle avait semé.




© Gasmask
Revenir en haut Aller en bas

Andréa A. Aschton

Andréa A. Aschton


✽ date d'inscription : 05/02/2015
✽ parchemins : 358
✽ camp : phénix
MessageSujet: Re: Where you been? ▽ Androu (terminé)   Where you been? ▽ Androu (terminé) EmptyJeu 25 Fév - 10:44

Where you been?
Andréa & Lou
Where were you when everything was falling apart? All my days were spent by the telephone that never rang and all I needed was a call that never came.  ▬ THE FRAY

Le jeune homme ne comprenait plus rien. D’un côté, il y avait cette rousse qui ne cessait de fuir dans ses rêves et qui apparaissait ici sans raison, de l’autre il voyait sa gentille camarade de classe qui cherchait à lui remonter le moral. Oh bien sûr, elle avait une idée derrière la tête, cela semblait évident même pour un amnésique qui a oublié tous les codes de la vie, mais c’était tout de même blessant pour la demoiselle que de l’ignorer. Et pourtant, Arthur n’avait qu’une envie : l’ignorer. Cependant, ce qui n’aidait pas à éclairer son trouble, c’était l’activité de la rousse. Elle le fuyait, lui souriait, lui jetait des regards noirs, l’embrassait… Non, ce n’était que trop peu naturel. Il avait osé espérer se souvenir, retrouver la mémoire lors de ce baiser inattendu. Seulement, rien, pas un éclair ni une étincelle. Le passé continuait à le fuir. Il ravala une larme et détourna le regard. Il lui fallait poser la question, mais pour cela, il devait avouer son amnésie. Et il haïssait ça plus que tout, parce que le regard de pitié qui s’en suivrait le blesserait au plus profond de son être. C’en était plus que rageant parce qu’il n’avait AUCUN souvenir sur lequel s’accrocher, pas même le visage d’une mère aimante, ou d’un ami sur qui compter. Rien. Juste un vide total, comme s’il était né avec les capacités de manger, parler, bouger, marcher à vint et un ans. Pourquoi lui ? Arthur serra les poings et retint un soupir. Il allait lui demander conseil, mais sans croire tout ce qu’elle dirait parce qu’il avait peur d’être manipulé, brisé, moqué.



« Je… Pardon. Je t’ai-.. Je vous ai pris pour quelqu’un d’autre, je crois bien. » Confuse, perdue. Devrait-il vraiment s’accrocher à ses paroles ? Tenter de deviner son passé à ses côtés. Il y avait deux raisons à son hésitation : soit elle connaissait l’ancien Arthur et elle était gênée de le retrouver sans mémoire, soit elle s’était réellement trompée. Non, il devait y avoir autre chose. Elle ne pouvait pas embrasser quelqu’un en se trompant. Bon sang, ce n’est pas anodin comme geste, on n’embrasse pas les gens dans la rue comme ça. Elle le connaissait donc. Etaient-ils ensemble ? L’aimait-il avec passion ? Dans ce cas-là, pourquoi ne pas le lui avoir dit directement, dès qu’elle l’avait reconnu ? Trop de questions et trop peu de réponses. Et puis cette rousseur. C’était bien ça le détail qui le turlupinait le plus. Il avait tellement envie de faire confiance, de se jeter dans ses bras, de murmurer « c’est moi », mais il n’en avait pas la conviction, pas même un désir passionnel, juste il voulait être le ‘moi’ de quelqu’un. Et pourquoi pas elle ? Il se gifla mentalement. Même s’il avait tout oublié, il savait qu’il possédait des principes et qu’on ne choisit pas les femmes au hasard, comme ça, celle qui passe. Et il savait surtout, que celle-ci précisément, méritait bien mieux qu’un pauvre amnésique qui cherchait à tout prix à se souvenir avant de vivre.  « Je ne sais pas ce qui m’a pris. Vous ressemblez comme deux gouttes d’eau à une personne qui m’était chère. Je ne voulais pas vous offenser. » Un air étonné se dessina sur le visage du garçon. Elle parlait bien, elle faisait un effort, elle ne s’enfuyait pas juste comme ça pour éviter un malaise prolongé. Peut être qu’elle aussi avait perdu un être cher. Non, l’espoir n’était pas permis à Arthur, même si tout était fait pour. Il n’avait pas le droit de se briser les ailes parce qu’il avait voulu retrouver une douceur éphémère, c’était trop douloureux. Depuis trois ans qu’il vivait comme ça, il n’avait fait que tomber plus bas. Des femmes dans la rue qui lui avaient souri : il avait accouru, leur avait parlé et puis … rien. Aucune ne le connaissaient en réalité. Le plus douloureux était un souvenir plus lointain, il remontait à deux ans, il sortait de l’hôpital et, une fois de plus, quelqu’un l’avait abordé, par son prénom qui plus est, naïf et confiant, il l’avait suivie. Ils avaient parlé des heures et il avait bu chacun de ses mots. Elle lui avait raconté des faits de son passé qu’il avait cru volontiers. Ils avaient fini dans son appartement. Et puis il l’avait revu, à l’accueillir de Sainte Mangouste. Elle ne le connaissait que parce que son nom était inscrit dans les registres et qu’elle s’en occupait. Il avait été blessé et meurtri. Maintenant, il se méfiait et n’écoutait que son propre coeur. Du moins, il espérait que lorsque LA bonne fille arriverait, il la reconnaîtrait. Voilà pourquoi il était septique avec cette jolie rousse. Seulement, il devait reconnaître qu’elle n’abusait pas de sa maladie.



Et pourtant, malgré toutes les belles paroles qu’il se disait, le doute continuait de macérer en lui.  « Non, attendez. » Il la suivit, elle s’était éloignée, mais tout en restant proche, comme si elle voulait qu’il reste aussi. Il lui attrapa le bras et … la relâcha aussitôt. Ce n’était pas naturel comme geste, pire, c’était gênant. Les deux bras ballants, pendu le long de son corps, il était mal à l’aise, mais il voulait en savoir plus. Et il savait que c’était le moment ou jamais. Sérieusement, un mois qu’ils étaient là et ils ne s’étaient jamais croisé avant, l’université était énorme et elle serait capable de l’éviter jusqu’aux vacances… et puis, il ne connaissait même pas son nom. Il soupira et se donna du courage mentalement. « Attendez. » répéta-t-il inutilement. « Je ne suis pas offensé, vous m’avez juste … surpris. Oui, c’est ça le mot, mais ce n’était pas … méchant. » Arthur avait du mal à trouver ses mots. Non, il avait du mal à trouver les bons mots. Comment pouvait-il transmettre une émotion alors qu’il ne mettait pas de mots dessus ? « C’est moi qui suis navré de vous rappeler un être cher. Je comprends un peu, j’en ai perdu beaucoup. » Tous en fait, mais je ne m’en souviens pas. Quelle terrible phrase d’accroche. Il baissa les yeux et regarda la porte. Il sourit et reprit. « Ne vous inquiétez pas pour … Ruth ? Je ne la connaissais pas plus que cela et au départ elle voulait seulement me parler de cours, je ne sais plus comment nous sommes arrivés par là. Enfin. » Il ne se rendait même pas compte qu’il était humiliant pour la demoiselle de son cours et qu’elle pourrait mal le prendre. Après tout, s’il était un goujat avec les filles, pourquoi ne le serait-il pas avec elle ? Mais ces questions-là ne lui effleuraient même pas l’esprit, il en avait trop d’autres en tête pour l’instant. « Au fait, comment vous appelez-vous ? Moi, c’est Arthur. » finit-il par rajouter en tendant la main, comme pour serrer la sienne.





© Gasmask
Revenir en haut Aller en bas

Paradoxe
Lou J. Stanhope

Lou J. Stanhope


✽ date d'inscription : 10/02/2015
✽ parchemins : 603
✽ camp : Phénix
MessageSujet: Re: Where you been? ▽ Androu (terminé)   Where you been? ▽ Androu (terminé) EmptyVen 15 Avr - 9:40

Where you been?
Andréa & Lou
Where were you when everything was falling apart? All my days were spent by the telephone that never rang and all I needed was a call that never came.  ▬ THE FRAY


Il l’avait retenu. Malgré les tempêtes qui déferlaient sur les côtes rocailleuses de leurs mémoires abimées, il l’avait retenu. Une fraction de seconde, l’espace d’un instant. Le temps que ses doigts frôlent la peau porcelaine de la rousse, que sa chaleur se perde sur son épiderme et remonte agréablement vers son cœur jusqu’à lui couper le souffle. Etait-ce le moment ? Etait-ce maintenant que la fin heureuse pointait le bout de son nez ? Malheureusement, en rompant leur contact, Andréa lui apporta la négative. Rien n’était jamais simple dans la vie et encore moins lorsqu’il s’agissait d’une histoire impliquant l’amour. Être magique ne permettait pas d’échapper à la règle. Ses fins doigts se serrent, vaine tentative de conserver le plus longtemps possible le souvenir de la chaleur qu’elle venait de recevoir. Le regard fixé sur l’horizon, elle se remémorait leurs précédentes rencontres, ressassait les fantômes du passé par peur de les oublier. Elle était déchirée entre l’amour et la haine, la joie et la tristesse, l’espoir et le désespoir. Déchirée entre l’envie de l’enlacer et celle de s’enfuir. Elle voulait lui faire face, plonger son regard tendre dans le sien et lui murmurer que tout ira bien. Elle voulait lui prendre la main et l’entrainer à vive allure vers des contrées inexplorées, lui faire voir la vie comme elle l’avait toujours vue : belle. Elle voulait l’entendre rire, le voir sourire, le voir aimer. Elle souhaitait que jamais l’écho de leur rire ne se perde, qu’il résonne encore pour des milliers d’années. Seulement soutenir son regard empli d’interrogations, de doute, de méfiance et de mal être lui était difficilement surmontable. Elle devait s’en protéger, se protéger. De cette tumeur que pouvait représenter le reste du monde. De lui.

« Je ne suis pas offensé, vous m’avez juste … surpris. Oui, c’est ça le mot, mais ce n’était pas … méchant. » Elle faisait souvent cette impression-là. Les cheveux certainement, cette couleur hémorragique d’une mandarine. Ils étaient là, penauds, l’un à côté de l’autre. Deux âmes sœurs timides que séparait la perte de mémoire. La perte d’une identité. « C’est moi qui suis navré de vous rappeler un être cher. Je comprends un peu, j’en ai perdu beaucoup. » Elle le savait. Elle aurait certainement pu dresser une liste des noms de tous les êtres chers qu’il avait perdu. Elle en oublierait certainement mais les principaux y figureraient. Leurs propres noms en feraient partie. « Ne vous inquiétez pas pour … Ruth ? Je ne la connaissais pas plus que cela et au départ elle voulait seulement me parler de cours, je ne sais plus comment nous sommes arrivés par là. Enfin. » Malotru. « Par les escaliers, certainement. » Badum tss. Bravo, quelle magnifique blague Lou. « Au fait, comment vous appelez-vous ? Moi, c’est Arthur. » Andréa. Ton nom est Andréa. Le regard de la jeune femme fut attiré par une main tendue vers elle. Lentement, elle la considéra puis sans crier gare, l’attrapa et l’attira vers elle, obligeant Arthur à poser son arrière-train près d’elle. « Lou. » dit-elle simplement. Alors, elle tourna la tête et planta ses yeux verts dans ceux d’Andréa, un sourire au bord des lèvres. « Je m’appelle Lou. »  Paradoxe. Voilà ce qu’elle était. Un fichu paradoxe dans une complexité humaine décadente. Un coup triste, un coup joyeuse. Certains la qualifiaient de lunatique. Elle n’était pas lunatique. Elle avait simplement décidé de rebâtir les murailles qui la protégeaient.

« Enchantée de te rencontrer And-…Arthur ! » Ce nom sonnait tellement faux entre ses lèvres. C’était comme tenter d’intégrer un éléphant dans une population de souris : c’était impensable. « Ça te dérange pas si je te tutoie ? Après tout, je vois pas comment je pourrais plus t’offenser. C’est pas comme si je t’avais embrassé. » Elle rit nerveusement. Elle se désespérait. « Je t’ai jamais croisé à l’université avant. Tu étudies quoi ? » Tout l’art d’une diversion est dans la capacité à noyer le poisson.

Spoiler:




© Gasmask
Revenir en haut Aller en bas

Andréa A. Aschton

Andréa A. Aschton


✽ date d'inscription : 05/02/2015
✽ parchemins : 358
✽ camp : phénix
MessageSujet: Re: Where you been? ▽ Androu (terminé)   Where you been? ▽ Androu (terminé) EmptyDim 30 Avr - 13:51

Where you been?
Andréa & Lou
Where were you when everything was falling apart? All my days were spent by the telephone that never rang and all I needed was a call that never came.  ▬ THE FRAY

Tout était confus depuis ces quelques minutes qu’ils avaient passé sur le toit. Déjà, il était venu avec une autre fille qui avait fini par lui donner une claque en partant. Ensuite, il y avait elle. Il ne savait pas qui elle était, mais elle l’intriguait. Il voulait se raccrocher à un espoir, il voulait croire que tout était possible, qu’il avait été aimé dans son ancienne vie. Seulement, il avait peur de se raccrocher à des mensonges. Il avait un sentiment d’injustice qui nageait en lui, depuis le début il ne se sentait pas à sa place, depuis le début, il avait l’impression qu’on manipulait sa vie d’en haut, qu’il n’avait pas son mot à dire. Ce n’était pas un sentiment qui se basait sur son vécu, plutôt quelque chose d’inconscient gravé en lui. Et cela faisait peur. Alors il hésitait à faire confiance à cette fille. Pourtant, il sentait bien qu’il y avait quelque chose. Lorsqu’elle l’avait embrassé, un peu plus tôt, il y avait lu quelque chose de l’ordre du besoin. Seulement, s’il avait espéré que tout lui revienne, que les souvenirs refassent surface, il s’était leurré. Il n’avait eu qu’un vide dans son coeur. Voilà pourquoi il doutait encore. Même si le pouvoir psychologique est bien trop fort chez lui, il est capable de se convaincre de tout et son contraire, puisque son amnésie est forte, il sent bien qu’il est constamment sur une tangente. Alors il la regarde et la conversation s’engage. Ils parlent, de la pluie et du beau temps. Pourtant, ils viennent de s’embrasser. Cela veut forcément dire quelque chose.

« Lou. » Un frisson traverse son échine, Lou, un prénom qui fait penser à un animal féroce alors qu’elle a l’air si douce. Bon, un prénom bien sûr ne veut pas toujours dire grand-chose. Ce sont les parents qui le choisissent avant la naissance de l’enfant. Comment pourrait-il tant influencer les gens ? « Je m’appelle Lou. » Sur ses lèvres, le prénom sonne bien. Il le fait tourner et retourner dans sa tête, il imagine les sonorités, il sent la douceur qui s'en échappe. Il essaie de l’associer à ces cheveux roux qui voit si souvent en rêve, mais encore une fois, ce doute persistant est là. « Enchantée de te rencontrer And-…Arthur ! » Elle sourit, elle bafouille. Il se mord la lèvre. Son Arthur sonne mal, comme si cela n’allait pas. Lou sonnait bien dans sa bouche, mais Arthur non. Doit-il être quelqu’un d’autre ? L’a-t-on renommé pour le confort de son amnésie ? Et si cette amnésie était volontaire ? Il frissonne, de peur cette fois-ci. « Ça te dérange pas si je te tutoie ? Après tout, je vois pas comment je pourrais plus t’offenser. C’est pas comme si je t’avais embrassé. » Il rigole à son tour, aussi gêné qu’elle. Puis il acquiesce, incapable de dire un mot. « Je t’ai jamais croisé à l’université avant. Tu étudies quoi ? » Il feint un sourire, mais ses yeux s’ouvrent avec un air de reproche. « Le droit pour devenir brigadier, mais on s’en fiche. S'il te plait, ne détourne pas le sujet, j’ai besoin de réponses. Au point où on en est, on ne peut tomber plus bas, autant dire les choses clairement. » Il ferme les yeux et prend une profonde respiration. Puis il ouvre la bouche … avant de la refermer. Va-t-il oser ? Maintenant qu’il s’est lancé, il doit parler, il a lancé le teaser, maintenant le film doit suivre. Finalement, il détourne le regard et se plonge dans le parc. Les branches des arbres qui vacillent sous le vent, lui redonne confiance. Il y a de la normalité dans ce monde. « Si je t’ai parlé aujourd’hui, enfin si je t’ai forcée à me parler, c'est parce que je fais des rêves étranges. Je suis amnésique, je n’aime pas le dire, mais si tu me connaissais vraiment, tu dois le savoir. Et je n’ai absolument aucun souvenir, rien à quoi me raccrocher. Alors j’essaie d’interpréter ce que je vois. Et en ce moment, c'est toi que je vois en rêve. Non, pas toi, tes cheveux. Une longue masse rousse tirant vers le mandarine qui s’éloigne de moi en courant. Et chaque fois que je me réveille, j’ai le coeur qui bat plus vite et qui me fait mal. Alors j’ai peur tu comprends, peur d'être jugé, peur de me faire manipuler, peur qu'on me mente. Je m’invente une vie, une histoire, mais je n’ai rien. » Il finit par fermer les yeux et sentir la légère brise sur ses paupières. Puis, il termine sa tirade d’une voix particulièrement pressée et inquiète. « Alors dis-moi qui j’étais, tu m’as appelé ‘And’ c’était pour quel nom ? Et surtout, qui tu pouvais être pour moi ? » S’il était possible qu’un jour il fasse confiance, il aimerait que ce soit à quelqu’un à qui il n’avait rien dit, sauf qu'il était obligé de parler, elle était là et son coeur battait plus vite. Les cheveux roux l’obsèdent. Il est temps pour le jeune homme de se prendre en main.



© Gasmask
Revenir en haut Aller en bas

Paradoxe
Lou J. Stanhope

Lou J. Stanhope


✽ date d'inscription : 10/02/2015
✽ parchemins : 603
✽ camp : Phénix
MessageSujet: Re: Where you been? ▽ Androu (terminé)   Where you been? ▽ Androu (terminé) EmptyJeu 13 Juil - 18:37

Where you been?
Andréa & Lou
Where were you when everything was falling apart? All my days were spent by the telephone that never rang and all I needed was a call that never came.  ▬ THE FRAY

Le vide. L’immensité. Étendue devant elle, implantée en elle, ravageuse et inconfortable. Bien profondément ancrée dans ses entrailles, agrippant la moindre de ses pensées, avalant goulûment le reste de son espoir. Vidant un être de son énergie comme l’hémorragie volerait l’hémoglobine et la laissant là, inerte. Brisée et à genoux sur ce sol poisseux que peut être la vie, piétinée et malmenée par toutes ces âmes vagabondes qui tentent de parcourir leur propre chemin sans trop s’égarer. J’ai peur, j’ai tellement peur. Si proches et pourtant si loin l’un de l’autre. Le temps et l’espace se distordent pour laisser place à un fossé infranchissable que seule la mémoire pourrait combler. Se souviendra-t-il un jour ? Se souviendra-t-il d’elle ? De leur histoire ? De ce sentiment si puissant qui liait leur deux cœurs ?

Il tique à la prononciation de son prénom. Il tique et elle s’en mord les doigts intérieurement. Que devait-elle faire ? Devait-elle tenter coûte que coûte de lui faire retrouver la mémoire ? Devait-elle se taire ? Pourquoi diable devait-elle se taire… Ses convictions étaient simples et l’avaient toujours été : un être humain sans sa mémoire n’était plus vraiment un être humain et encore moins celui dont elle était tombée amoureuse. La mémoire, les souvenirs, la douleur, la peur, le bonheur, tous ces sentiments faisaient d’Andréa un être à part entière. Sans tous ces éléments, cela revenait à espérer qu’une fleur s’épanouisse sans ses racines. C’était tout bonnement impossible. Certes, certaines choses restaient, comme son rire. Ce rire… Déclencheur d’une avalanche de frissons dévalant son épiderme porcelaine. Elle ferma les yeux pour profiter de ces quelques secondes savoureuses, réprimant un sourire en coin. Qu’est ce qu’il avait pu lui manquer. Alors momentanément elle oublia. Elle oublia qu’il ne savait plus. Elle oublia qu’elle n’était plus personne à ses yeux. Elle oublia la douleur, les pleurs, la peur. Elle oublia cette lutte infernale, cette douloureuse descente aux enfers. Elle oublia les conventions. Elle oublia, tout. Il ne restait plus que lui, plus qu’elle. Plus que deux êtres côte à côte, face à face. Deux êtres qui s’étaient aimés et dont la flamme de la passion brûlait encore dans les cavités cardiaques de la jeune femme.

« Le droit pour devenir brigadier, mais on s’en fiche. S'il te plaît, ne détourne pas le sujet, j’ai besoin de réponses. Au point où on en est, on ne peut tomber plus bas, autant dire les choses clairement. » Électrochoc. Atterrissage immédiat sur la planète Terre, n’oubliez pas vos bagages avant de partir. Ses yeux clairs sondent ceux du jeune homme. Elle le regarde fermer les yeux, chercher du courage intérieurement. Elle le sent hésiter, tâter l’eau du bout du pied avant de se jeter dedans. Elle aimerait lui prendre la main, la serrer entre ses fins doigts pour lui insuffler le courage qui lui reste. Elle aimerait le rassurer par le simple fait de le toucher mais elle se ravise. Elle sait que ces marques d’attention peuvent être mal interprétées entre deux « inconnus » dans la société. Intérieurement, elle l’embrasse du regard. Peut-être allait-il se souvenir un jour ? Peut-être devait-elle rassembler le reste de ses forces et se battre corps et âme pour les sauver ? Elle le regarde sauter du haut de la falaise de véracité « Si je t’ai parlé aujourd’hui, enfin si je t’ai forcée à me parler, c'est parce que je fais des rêves étranges. Je suis amnésique, je n’aime pas le dire, mais si tu me connaissais vraiment, tu dois le savoir. Et je n’ai absolument aucun souvenir, rien à quoi me raccrocher. Alors j’essaie d’interpréter ce que je vois. Et en ce moment, c'est toi que je vois en rêve. Non, pas toi, tes cheveux. Une longue masse rousse tirant vers le mandarine qui s’éloigne de moi en courant. Et chaque fois que je me réveille, j’ai le cœur qui bat plus vite et qui me fait mal. Alors j’ai peur tu comprends, peur d'être jugé, peur de me faire manipuler, peur qu'on me mente. Je m’invente une vie, une histoire, mais je n’ai rien. » Claque. Nouvel électrochoc. Il se souvient. Bon sang, il se souvient d’elle. Elle regarde ses propres mains qui sont venues se loger sur les joues d’Andréa au fur et à mesure de ses aveux. Gênée, elle les retire rapidement, hésitante. Peut-être ne lui en tiendrait-il pas rigueur. « Alors dis-moi qui j’étais, tu m’as appelé ‘And’ c’était pour quel nom ? Et surtout, qui tu pouvais être pour moi ? » Un sourire doux et compatissant s’étire tendrement sur le visage de la rousse, façade particulièrement efficace pour cacher la déchirure qu’il venait de créer en elle. Malgré lui, ses mots étaient d’une dureté sans nom. Coupants comme le tranchant d’un couteau aiguisé, froids à lui glacer les os. Qui était-elle pour lui ? Qui était-elle vraiment au final ? « Je... » Elle détourne les yeux, porte son regard vers les environs. Pas d’échappatoire, pas d’issue de secours. Elle est dos au vide et il se trouve entre la sortie et elle. Imperceptible tremblement de ses doigts qu’elle cache derrière son dos. Elle avoue sincèrement dans un souffle : « Je suis désolée. » Désolée qu’il ait perdu la mémoire, désolée qu’il ne se souvienne plus de qui il était, de qui elle était, de sa famille, de sa vie, de ses passions, de tout.

Prenant son courage à deux mains, elle plonge son regard dans le sien, inspirant profondément. Elle laisse s’écouler les secondes entre eux, elle les laisse s’égrainer dans ce gouffre qu’elle craint plus que tout. Doucement, elle mêle ses doigts à ceux d’Andréa, espérant que sa propre chaleur le rassurerait comme la sienne pouvait la rassurer. Il fallait lâcher la bombe. Celle qui risquait de provoquer un ras de marée, celle qui risquait de terminer la bataille. « Andréa. » Simple, efficace. Elle réprime un frisson, baissant la tête en soupirant douloureusement. « Tu t’appelles Andréa Arthur Aschton. » Elle lui laisse le temps d’intégrer l’information avec de continuer. « Je m’appelle Lou Juliet Stanhope. » Ses mains se mirent à trembler, elle sent les larmes lui monter aux yeux, tente de contrôler sa gorge nouée avant de lâcher dans un murmure : « Et on s’aimait éperdument. » Lou se fit violence pour ravaler ses larmes et s’éclaircir la voix. Elle était incapable de le regarder dans les yeux, incapable de faire face à son incompréhension, à toutes ces questions qui pouvaient tournoyer dans sa tête à ce moment même. Alors simplement, elle continue ne sachant pas vraiment par où commencer. « Tu as des meilleurs amis : Icare, Wendy et Swann, je ne sais pas si tu t’en souviens. Tu aurais fait n’importe quoi pour eux. Toi et moi on s’est connus à Londres et puis il y a eu cette guerre. Phénix contre Mangemort. Cette guerre qui a tout ravagé, des infrastructures aux âmes qui s’y sont frottées. Toi, tu es parti combattre à Poudlard et c’est la dernière fois que je t’ai vu. Ça fait maintenant plus de trois ans... » Elle s’arrête, à bout de souffle. Elle en avait certainement trop dit, il risquait d’être submergé par la marée. Elle referme ses fins doigts sur ceux d’Andréa comme pour se raccrocher à la réalité. « Je sais que tu es passé par Sainte Mangouste mais je t'ai perdu de vue très rapidement. Tu t'es évanoui et... et n'étant pas de ta famille je n'ai pas pu en savoir plus. » Elle secoue la tête lentement. « Je me doute que c’est certainement dur à croire, que tout ça te semble lointain, que tu as certainement l’impression que je te raconte n’importe quoi. Je ne sais pas comment te rassurer... » Doucement, tendrement, elle amène la main du jeune homme vers elle et la pose à plat en regard de son cœur. Sentait-il les efforts de ce muscle pour la maintenir en vie ? Sentait-il la force avec laquelle il battait actuellement ? Sentait-il les ratés, les accélérations ? Pouvait-elle ressentir la souffrance qui l’entravait ? Elle pose sa deuxième mains sur la sienne et s’écorche  dans une dernière danse, dans un souffle court. « Je t’aime Andréa. Je t’aime tellement. Mais ne t’en fais pas si tu ne t’en souviens pas… Si tu ne te souviens plus de moi. »

Enlace-moi. Je t’en prie, enlace-moi.
Aime-moi. Je t’en prie, aime-moi.



© Gasmask


Dernière édition par Lou J. Stanhope le Ven 11 Aoû - 17:46, édité 2 fois
Revenir en haut Aller en bas

Andréa A. Aschton

Andréa A. Aschton


✽ date d'inscription : 05/02/2015
✽ parchemins : 358
✽ camp : phénix
MessageSujet: Re: Where you been? ▽ Androu (terminé)   Where you been? ▽ Androu (terminé) EmptyJeu 10 Aoû - 12:35

Where you been?
Andréa & Lou
Where were you when everything was falling apart? All my days were spent by the telephone that never rang and all I needed was a call that never came.  ▬ THE FRAY

Au fur et à mesure qu’il avançait dans sa vie, cette nouvelle vie du moins, il avait pris l’habitude d’être entouré de vide et d’incertitudes. De n’avoir rien de concret à quoi se rattacher, de s’inventer des souvenirs, des amis, des histoires. Il s’y était habitué, mais cela n’était pas devenu joyeux. La sensation de vide autour de lui s’agrandissait de jours en jours et il détestait ça. Il savait pourtant pourquoi, un sort qui avait mal tourné, au mauvais endroit, au mauvais moment et c’était tout. Pourtant, il sentait au fond de lui qu’il y avait une injustice, il n’arrivait pas à mettre des mots dessus, il ne pouvait pas sentir pourquoi, mais il savait. Voilà pourquoi il s’était toujours méfié de tout, voilà pourquoi il ne racontait pas son amnésie, comme s’il sentait qu’il y avait une anguille sous roche. Pourtant, aujourd’hui, devant cette rousse, il avait craché le morceau. Bien nombreuses étaient les personnes qui avaient essayé de lui tirer les vers du nez, mais il avait toujours tenu bon. Aujourd’hui, pourtant, il était fatigué de cette mascarade. Il n’en voulait plus. Alors il avait délivré le secret, en espérant que ce vide s’échapperait lui aussi. Seulement, c’était plus compliqué que cela, sa méfiance était trop ancrée en lui. « Je suis désolée. » Et les mots, vides de sens, lui prenaient le coeur. Oh, son ton était sincère et elle n’était pas méchante, mais il avait appris à détester la pitié. C’était un sentiment qui lui remontait depuis son enfance. Encore une fois, il ne savait pas pourquoi, mais il savait et cela lui suffisait. Avait-il été un orphelin ? Un paria ? Qu’importe, il sentait que la pitié l’avait souvent accompagnée et il l’exécrait. Il lui offrit pourtant un faible sourire, il ne voulait pas qu’elle se sente mal, elle était là, prête à lui offrir des réponses.

« Tu t’appelles Andréa Arthur Aschton. » Ses sourcils se froncèrent. Il sentait que quelque chose ne collait pas, comme s’il avait la réponse sous les yeux depuis le début, mais il ne savait pas quoi. Il rangea ce détail au fond de son esprit et se concentra sur sa voix, ses lèvres qui bougeaient, vite, pour donner des informations. Qu’avait-elle du enfouir au fond de son coeur et pendant combien de temps ? « Je m’appelle Lou Juliet Stanhope. » Un pincement lui serra le coeur, ce nom ne lui disait rien, il n’éveillait pas de souvenir enfouis et cela l’énerva. Il aurait voulu réagir, instinctivement, à son nom. Il aurait voulu que son corps se souviennent de souvenirs dont sa tête était dépourvue. Il lui sourit, incapable de parler. « Et on s’aimait éperdument. » Il ne put s’empêcher d’être surpris. Alors qu’au fond de lui, il s’en doutait. Elle ne l’aurait pas embrassé sinon. Elle ne se serait pas attardée auprès de lui sinon. Il savait, pourtant, ces mots furent une claque monumentale. S’en douter était différent de l’entendre. En plus, elle baissait la tête et il ne pouvait pas lire dans ses yeux ce qu’il aurait aimer lire. Une preuve de plus, même si sa voix, qu’elle maîtrisait au mieux, avait quelques ratés. Il inspira profondément, sentant les larmes lui venir aux yeux. Qu’est-ce qu’il lui avait fait vivre ? Il lui faisait confiance, il sentait qu’il touchait à la vérité et tant pis si cela lui ferait plus de mal que de bien, il ne doutait pas d’elle. Pourtant, cela déchirait son coeur, parce qu’il était, actuellement, incapable de l’aimer comme elle le méritait. Il savait que c’était mal, mais il avait envie d’essayer. Pourtant, il ne devrait pas, pour elle. « Cette guerre qui a tout ravagé, des infrastructures aux âmes qui s’y sont frottées. Toi, tu es parti combattre à Poudlard et c’est la dernière fois que je t’ai vu. Ça fait maintenant plus de trois ans... » Elle parlait, vite, en le touchant. Et il était incapable de la repousser, il avait besoin de ce contact pour s’assurer que tout était vrai. Il voulait croire à cette vérité, il voulait s’en faire sa vie. Seulement, n’avoir aucun souvenirs concrets auxquels se rattacher, c’était difficile. Si elle ne le regardait pas, lui était incapable de détacher son regard de son visage. Il la regardait comme s’il voulait l’apprendre par coeur, ou du moins, se souvenir qu’il le connaissait par coeur. « Je t’aime Andréa. Je t’aime tellement. Mais ne t’en fais pas si tu ne t’en souviens pas… Si tu ne te souviens plus de moi. » Le souffle court de la demoiselle lui brise le coeur. Il sent qu’il doit réagir. Il sent sa main chaude contre la sienne, son coeur battre contre sa poitrine, son souffle chaud près, trop près de lui. Mais il ne ressent rien. Son coeur à lui ne bat pas plus vite d’envie. Il est perdu. Comment doit-il réagir ? Après quelques secondes (minutes ?) bien trop longue, il soupire. Et pose son doigt sur son menton, la forçant à lever la tête. Et, indécis tous les deux, il plonge son regard dans le sien. C’est un courant électrique qui le parcourt cette fois et il frissonne. Son regard est si beau et si triste à la fois. Il sent les émotions qui la parcourent et il s’en veut de ce qu’il va devoir lui dire.

« Lou, je suis désolée. » Un faux sourire s’étire sur ces lèvres, elle avait commencé de la même manière et il lui en avait voulu, mais à cet instant c’était par cela qu’il voulait commencer, qu’elle comprenne que ce n’était pas de sa faute. « Désolé de tout ce que tu as vécu à cause de moi et de ce que tu as perdu. Quand je te vois, je sens que je peux te faire confiance, je sens que tu me dis la vérité, mais … je ne ressens rien. J’ai envie de te faire confiance et d’être avec toi. Je ne sais pas comment l’expliquer et ce ne sera sûrement pas scientifique, c’est comme … inné. Mais on ne peut pas reprendre là où … » Comment expliquer cela ? Impossible, mais elle devait comprendre où il voulait en venir. Il chassa la phrase d’un geste de la main et, en faisant ça, il s’était libéré de ses doigts. Il le regretta un court instant, mais ils devaient se détacher. « Si nous avons un futur en commun, il ne commence que maintenant. » Ces mots lui arrachèrent la bouche. « Nous devons tout reconstruire de maintenant. » Il aimait la manière dont le ‘nous’ coulait sur ses lèvres, mais existait-il vraiment ? « Je… » Soudain, cela lui frappa, le détail qui avait fait ‘ding’ dans sa tête précédemment. Ses prénoms était Andréa et Arthur. Or à l’hôpital ils lui avaient dit qu’il s’appelait Arthur. Comment avaient-ils pu savoir ? Et surtout, le sang ne mentait pas. « Lou, je suis incapable d’être ton petit-ami pour l’instant mais veux-tu être mon amie ? Je pense que le terme ‘connaissance’ est un peu trop distant pour deux personnes qui se sont embrassés quelques minutes plus tôt…» précise-t-il en lui offrant un léger sourire. Il tente de détendre la situation, mais il est encore trop tôt pour pouvoir blaguer sur leur passé commun. Avec une grimace d’excuse il soupire. « En réalité, jusqu’à présent j’espérais que la vérité vienne à moi, j’espérai me souvenir ou deviner, mais je dois abandonner cette idée et je sens qu'il est tant pour moi d’affronter mon passé. » Il inspire profondément pour se donner du courage. « Si j’ai tout oublié, certaines intuitions dépassent tout et j’ai l’impression d’avoir été anarqué, sans vraiment savoir d’où je tiens ça. Veux-tu m’accompagner à Sainte Mangouste pour démêler tout ça ? » Puis, il se mord la lèvre, il a conscience d’aller un peu vite et à côté. Elle lui a avoué qu’ils s’aimaient et il blague légèrement dessus ? Il plante son regard dans ses yeux. « Je suis désolée, une amitié c’est tout ce que je peux t’offrir maintenant, mais tu n’es pas obligée d’en vouloir et surtout, pas obligée d’accepter maintenant. J’irai à Sainte Mangouste … disons samedi dans deux semaines à 17h. » Et voilà, la balle est dans son camp. Andréa a l’impression que des ailes lui ont poussé sur le dos. La vie reprend des saveurs, un peu de miel sur ses plaies mal refermées et une promesse d’aventure, tout ce dont il avait besoin sans le savoir.



© Gasmask
Revenir en haut Aller en bas

Paradoxe
Lou J. Stanhope

Lou J. Stanhope


✽ date d'inscription : 10/02/2015
✽ parchemins : 603
✽ camp : Phénix
MessageSujet: Re: Where you been? ▽ Androu (terminé)   Where you been? ▽ Androu (terminé) EmptyVen 11 Aoû - 19:25

Where you been?
Andréa & Lou
Where were you when everything was falling apart? All my days were spent by the telephone that never rang and all I needed was a call that never came.  ▬ THE FRAY

Sa chaleur la rassurait. Ce contact sur son t-shirt, cette force irradiante pansait ses plaies. Elle rapprochait les berges béantes qui s’étaient créées dans son cœur, dans son être tout entier.  Elle l’enveloppait, lui fabriquait un cocon pour s’y réfugier, s’infiltrait dans le moindre de ses pores pour perler dans son être. Goutte par goutte. Près de lui, elle se sentait entière. Près de lui, elle se sentait vivante. Elle s’autorisa à fermer les yeux rien qu’une seconde. Fermer les yeux sur ce monde si cruel, fermer les yeux sur la douleur qu’elle vomissait encore trop souvent. Lentement, elle inspira. Son parfum, des particules d’espoir. Elle se sentit bien, comme si tout ce qu’elle avait vécu n’avait jamais existé. Comme si ces trois dernières années n’avaient été qu’un vilain cauchemar. Et soudain le froid. Une immensité glacée qui s’immisce dans les interstices et qui l’entrave jusqu’à lui faire ouvrir les yeux. La main d’Andréa avait glissé contre son t-shirt pour s’échapper de ses fins doigts, emportant avec elle quelques parties de la rousse qui luttait férocement pour ne pas s’effondrer. Il posa son doigt sous son menton, l’obligeant ainsi à relever la tête et à plonger ses yeux dans les siens. Instantanément, elle perdit pied, bien trop petite pour l’immensité que ses yeux reflétaient. Elle était à nu, écorchée vive et à genou devant lui. Elle était l’innocente jugée coupable qui attendait le couperet. « Lou, je suis désolé. » Elle savait. Elle savait qu’il ne pensait pas ce qu’il disait, qu’il s’excusait pour la forme sans vraiment savoir pour quoi s’excuser. Pouvait-elle lui en vouloir ? Elle n’en avait pas la force. Il était en vie et c’est tout ce qui comptait.

« Je ne ressens rien » Un coup de poignard dans son être. Son cœur qui douloureusement s’alourdit et sa respiration qui dangereusement se saccade. Elle avait mal. Un mal de chien. Et ça suintait de tout son être. Chaque inspiration était un supplice que chaque expiration potentialisait un peu plus. Elle aurait voulu écouter ses jambes vacillantes et se laisser choir sur le sol. Elle aurait voulu abdiquer, baisser les bras. Elle aurait voulu s’écrouler là, le regard vide et le visage sans expression. Respirer, elle devait respirer. Lutter contre ce poids qui l’écrasait, contre ces chaînes qui l’entravaient de plus en plus fort et lui arrachaient férocement des morceaux d’elle. Elle suffoquait. Elle avait besoin d’air. Respirer. Lutter. Sortir la tête de l’eau. Se concentrer. Respirer. Respirer. Respirer. Elle hurlait intérieurement à en perdre haleine. Elle se vidait de son sang, de toute ce qu’elle était. Respirer. Respirer. Respirer. Figée, trop bousculée par cette tempête intérieure qui faisait rage, elle se laissa faire, marionnette inanimée.  Son regard, happé par la gravité d’Andréa, tentait de déchiffrer les mots que cette bouche continuait de prononcer. Ils étaient vides de sens. Que des morceaux de chair en mouvement. Elle tentait de comprendre, d’obtenir un sens à partir de ces sons qu’il émettait. Mais elle n’était pas vraiment là. ...futur commun... Je t’aime. ...confiance… Je t’aime. ...maintenant… Je t’aime. ...reconstruire… Je t’aime. ...amie… Je t’aime. Amie. La promesse d’un espoir futur. Refaire surface. Immédiatement. Respirer. Une lutte acharnée contre ce poids et ces larmes qui bataillaient pour s’échapper. « Veux-tu être mon amie ? » Non. Le visage sans expression, elle l’écoutait, se concentrait sur la tessiture de sa voix pour calmer la tempête et rentrer dans l’œil du cyclone. « Je pense que le terme ‘connaissance’ est un peu trop distant pour deux personnes qui se sont embrassés quelques minutes plus tôt… »  Une envie de vomir. De vomir tout l’amour qu’elle avait pour lui. « Si j’ai tout oublié, certaines intuitions dépassent tout et j’ai l’impression d’avoir été arnaqué, sans vraiment savoir d’où je tiens ça. Veux-tu m’accompagner à Sainte Mangouste pour démêler tout ça ? » Est ce vraiment raisonnable ? Pour elle ? Pour son bien être ? Ne court-elle pas à la destruction ? Elle qui a mis tant de temps à se reconstruire après sa disparition. « Je suis désolé » Un faible sourire mimétique sur son visage porcelaine. « Une amitié c’est tout ce que je peux t’offrir maintenant, mais tu n’es pas obligée d’en vouloir et surtout, pas obligée d’accepter maintenant. J’irai à Sainte Mangouste … disons samedi dans deux semaines à 17h. » Si proches et pourtant si loin…

Refaire surface.
Elle n’y arrivait pas.

Son regard retourna vers ses pieds en remettant d’une main tremblante une mèche de cheveux derrière son oreille. Elle jouait avec le bas de son haut sous la vulnérabilité qui s’effondrait sur elle. Difficilement, elle déglutit, se donnant du temps pour devenir maître de ses cordes vocales. Elle devait être forte. Pour eux deux. Elle jouait avec ses pieds, étouffant les sanglots silencieux qui lui donnaient mal au crâne. Honteusement, mal à l’aise, elle releva la tête vers lui, souriant pour se donner bonne figure. Son regard humide balayait rapidement des coins de son champ visuel car elle était incapable de le regarder en face. Un sourire, un soupire, un rire nerveux. Sur un pied puis sur l’autre. Elle inspira. « Je suis désolée » lâcha-t-elle en reculant et en écartant ses bras comme si tout ça n’en valait plus la peine. « Je suis désolée » souffla-t-elle une dernière fois avant de partir en courant sans se retourner.



Que virevolte cet amour damné.



© Gasmask
Revenir en haut Aller en bas

Andréa A. Aschton

Andréa A. Aschton


✽ date d'inscription : 05/02/2015
✽ parchemins : 358
✽ camp : phénix
MessageSujet: Re: Where you been? ▽ Androu (terminé)   Where you been? ▽ Androu (terminé) EmptySam 12 Aoû - 11:55

Where you been?
Andréa & Lou
Where were you when everything was falling apart? All my days were spent by the telephone that never rang and all I needed was a call that never came.  ▬ THE FRAY

« Je suis désolée » Trois mots, toujours les mêmes. Ceux qu'ils s'échangeaient et se refilaient depuis cinq minutes. Trois mots, avec autant de force que de doutes. Trois mots qu'ils auraient préféré laisser de côté et s'en débarrasser. Trois mots pourtant qui revenaient au coeur de leur conversation. Il était le premier coupable. Ou non, ce n'était pas lui le coupable, il y avait quelque chose de plus, quelque chose d'invisible sur lequel il n'arrivait pas à mettre le doigt. Quelque chose qu'il n'arrivait pas à comprendre et qui l'énervait au plus au point. Pendant un court instant, la rage qu'il sentait naître au fond de lui avait oublié la culpabilité qu'il ressentait pour Lou, mais ce souvenir était beaucoup trop fort. Il la revoyait encore, brisée, comme une coquille vide. Il réentendait son souffle court, sa voix presque chevrotante. Il devinait les larmes qu'elle retenait. Et cela lui brisait le coeur, mais il ne voulait pas lui mentir, il ne voulait pas faire semblant de l'aimer, parce qu'actuellement il était fasciné par elle, mais il n'éprouvait pas d'amour. Alors il avait préféré être franc et honnête, mais il avait été violent et sans tact. Il le savait bien, mais comment expliquer ce que des mots ne suffisait pas à décrire ? Comment la rassurer quand lui même doutait ?

« Je suis désolée » Le souvenir de ces trois mots jetés à la hâte pendant qu'elle reculait, le frappa de nouveau avec violence. Qu'avait-il fait ? Elle lui avait ouvert son coeur, elle lui avait promit la vérité, elle lui avait donné la vérité et voilà qu'il l'avait repoussé ? Combien devait-elle souffrir ? Elle avait dit qu'elle l'avait perdu depuis trois ans. Elle l'attendait depuis si longtemps, elle n'avait pas réussi à faire son deuil et voilà qu'elle reprenait espoir. Il serra les poings jusqu'à s'enfoncer les ongles dans sa paume, il aurait voulu saigner. Il aurait voulu ressentir de la peine, de la joie, de l'amour, mais il doutait maintenant. Et les mots résonnaient dans sa tête, lui causant une honte qu'il n'aurait pu imaginer. Qu'avait-il fait ? Andréa devrait absolument réparer ça. Elle avait été si mal durant son discours ridicule, il avait tenté de faire de l'humour et cela l'avait encore plus blessé. La seule chose à laquelle il se raccrochait, c'était qu'il avait été honnête, mais même maintenant cela lui paressait dérisoire comparé à sa peine.

« Pardonne-moi. » murmura-t-il à son tour. Il répondait à un fantôme, Lou était partie depuis bien longtemps, en courant. Elle ne l'entendrait pas. Et le vent emporterait ses mots, loin au dessus d'eux. Ils seraient oubliés et perdus. Alors, en son fort intérieur il se jura de se faire pardonner. Même si elle ne voulait plus de lui, même si elle préférait oublier le "nouvel Andréa", même si lui retombait amoureux, même si elle refusait de le voir... lui se battrait. Il se battrait pour apaiser son âme en peine, pour calmer cette violence qui brillait en elle. Elle méritait qu'on se batte pour elle, ce sentiment lui était venu naturellement et il savait qu'il avait vu juste.




© Gasmask
Revenir en haut Aller en bas


Contenu sponsorisé


MessageSujet: Re: Where you been? ▽ Androu (terminé)   Where you been? ▽ Androu (terminé) Empty

Revenir en haut Aller en bas
 

Where you been? ▽ Androu (terminé)

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Eternal Dissendium  :: CONTREES LOINTAINES :: Reste du monde :: Flashback-